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 Retour de croisade...

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Azénor de Bretagne

Azénor de Bretagne


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MessageSujet: Retour de croisade...   Retour de croisade... Icon_minitimeVen 31 Aoû - 12:23

Mon aimé, qu’êtes vous devenus toutes ces années ? Il ne se passe point un jour où je ne songe à vous…m’avez-vous remplacée par une de ces beautés d’ébènes dont j’ai si souvent entendu parler par mes troubadours ? Une lettre seulement m’est parvenue de vous il y a 1 an de cela…vous m’aviez rendue esclave de vos déclarations enflammée de vive voix, quand je n’ai lu qu’une formule de politesse sans amour…mes nuits sont peuplées de cauchemars, où je crie votre nom mais où votre visage ne m’apparaît point…je vous aim..
Sa main trembla sur le dernier mot qui refusait de s’écrire. Son doigt se crispa instinctivement sur la plume. Combien de fois encore allait t’elle essayer de terminer une lettre pour lui ? Combien de fois encore allait t’elle finir par froisser le parchemin et à le jeter à terre ? Combien de jours encore à penser à lui, ignorant même s’il demeurait en vie…


Elle se mourait d’amour pour lui. Elle avait beau lutter, au bout de cette troisième année d’absence, son cœur brûlait toujours envers Alwin. Si seulement il s’était déclaré bien avant son départ pour la croisade…ils auraient pu vivre des moments de bonheurs…mais voilà, le lendemain de son aveu, Azénor, reine de Bretagne (j’me fais plaisir MDR), regardait partir le cœur serré la gorge nouée, son preux chevalier, commandant de son armée royale, vers la Terre Sainte…
Avec le pressentiment désagréable, qu’elle ne le reverrait jamais…
Quelle joie avait t’elle ressenti, en recevant une missive de lui trois mois plus tard. Pourtant, sa déception fut grande.

« Ma reine, nous avançons avec difficulté vers Jérusalem, moult sont les embûches mais nous gardons courage. Nous nous battrons pour notre Seigneur. Puissiez-vous veiller sur notre foi à tous, Dieu vous le rendra. Respectivement, Alwin. »

Un froid mordant l’avait envahie de toute part. Quels sentiments mis à part une neutralité qui lui faisait horreur ? La colère passée, Azénor s’était alors enfermée dans un cynisme virulent envers quiconque montrait son bonheur. Vindicative, hautaine et sans cœur d’apparence, elle ne ressentait plus aucune joie, plus aucun plaisir. Ses grands yeux de bronze brillaient non pas de cette gaieté d’antan, mais plutôt d’une souffrance inguérissable. Sa répartie devint plus acérée, plus sarcastique. Voir cruelle. Seul Alwin, aurait su l’apaiser. Cependant le fait demeurait bien là. Alwin se trouvait loin, se montrait distant dans sa lettre, ce qui rendait Azénor folle de rage et de chagrin.
Trois ans. Trois longues années à l’attendre désespérément. Nombreux furent les seigneurs présents des comtés à vouloir l’épouser. Azénor tenait tête, les rejetant sans précédents. Néanmoins, elle ne pouvait nier qu’elle ne tiendrait pas longtemps, si Alwin ne revenait pas, elle se verrait contrainte d’accepter la demande d’un baron le plus puissant du comté, et, outre l’idée qui la déplaisait, cela ne l’était pas autant que la personne grossière et insignifiante du personnage…
-Votre majesté ?
Azénor sursauta, interrompant le fil de ses pensées au son de la voix d’une de ses dames de compagnies.
- Oui ?
- Votre majesté, le coursier mande à vous voir..
- Je suis occupée Nance…
Siffla la jeune reine en reportant son attention sur sa lettre froissée.
-C’est qu’il vient de Jérusalem ma dame…
Ni une ni deux, Azénor bondit de sa chaise, les traits du visage crispés, le cœur battant à tout rompre :
-Eh bien qu’attends tu ?! Fais le entrer !
La servante baissa les yeux puis s’éclipsa, laissant place à un homme d’âge mur portant une besace en peau de bête. Il s’inclina respectueusement devant Azénor puis enchaîna :
-Votre Majesté…une lettre pour vous.
Azénor attendit qu’il l’a sorte et l’attrapa les mains tremblantes.
Elle n’adressa aucune parole au page puisqu’elle s’empressait d’ouvrir l’enveloppe avec une fébrilité grandiloquente. Son cœur manqua un battement.
Ce n’était pas l’écriture appliquée d’Alwin, mais celle, plus hachée de son second.

« Votre majesté, suite à un tragique accident dont les détails vous seront contés dès notre retour, nous sommes contraints de revenir en France. Je me charge de vous écrire car j’ai l’immense chagrin de vous annoncer qu’Alwin Graal se trouve en ce moment même entre la vie et la mort, suite à une méchante blessure dû à une attaque des Sarrasins il y a deux jours de cela…notre apothicaire fait du mieux qu’il peut mais nous craignons qu’il ne tienne jusqu’au retour.
Puissiez-vous prier pour le salut de son âme, et pour la prospérité de notre voyage…à l’heure où je vous écris, notre bateau vient d’amarrer pour regagner l’Espagne, si Dieu le veut, notre retour devrait être tenu dans quatre mois…
Soyez assuré de mon respect le plus grand,
Tristant de Champagne. »


Elle défaillit sous le choc de la nouvelle, le page s’empressa de la relever à temps. Son teint était devenu si pâle, qu’on aurait dit qu’elle allait rendre l’âme.
-Alwin…
Souffla-t-elle avant de sombrer dans un malaise obscur.


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MessageSujet: Re: Retour de croisade...   Retour de croisade... Icon_minitimeVen 31 Aoû - 22:46

- Les archers ainsi qu'un détachement de cavalerie seront envoyés en avant. Il est hors de question de s'engager dans ces montagnes s'en assurer notre défense.
- Chevalier Alwin, est-il prudent de se séparer d'une partie des troupes ? Si les Sarrasins engagent un assaut près d'ici, toute résistance sera inutile.
- Toute résistance sera inutile si un piège se referme sur nous dans les montagnes Tristant.

L’hésitation de son second l’irrita, et il pressa les flancs de son destrier, poussant l’allure pour prendre la tête du bataillon. Son ton sec ne demandait pas de réponse. Il devait incarner l’autorité, et non se faire contredire par un homme inférieur en grade. Et même si celui-ci était son ami.
Alwin donna rapidement ses ordres, et son regard s’attarda sur le détachement qui bifurquait en direction des hauteurs. Il espérait ne pas avoir fait le mauvais choix, et chérissait l’idée de ramener ses troupes victorieuses, saines et sauves. Et pourtant, bien des hommes tombaient chaque jour sans se relever. Il le supportait de moins en moins. Cette croisade n’avait plus aucun sens, à part celle d’accomplir un devoir au nom d’un royaume. Une vie pour un royaume… Une idée qu’Alwin abhorrait. Personne ne se souviendrait du courage des hommes, et cela au nom du pouvoir. Son rôle de chef l’empêchait de pousser ses réflexions et il se devait d’agir.
Il entendit Tristant le rejoindre, et tout en maintenant l’allure, il ajouta d’une voix plus douce :

- Souviens-toi du sort des pèlerins de Jérusalem…

Le regard du second se posa sur l’horizon alors qu’il se remémorait les nouvelles apportées par un coursier de la ville Sainte. Des pèlerins égorgés sur la route… Les deux hommes échangèrent un regard, et le silence s’installa entre eux.

Alwin rejoignit sa tente alors que ses troupes faisaient halte pour la nuit. Il congédia le garde alors qu’il s’installait à une petite table de bois abîmée par le temps. Un parchemin vierge s’y présentait, et Alwin se saisit d’une plume d’oie finement taillée.

Ma tendre Azénor,

Il suspendit son geste, et sa poigne se resserra alors qu’une goutte d’encre venait s’écraser sur le parchemin et les premiers mots. Azénor… que pouvait-il lui raconter ? Lui conter les meurtres sauvages, les pertes et les cris d’agonie ? Non, il ne pouvait se résoudre à parler de la croisade, comme toujours. Il souhaiter ardemment l’épargner des ces atrocités, et faire fuir toute crainte en elle. C’est pourquoi sa correspondance était plate et dénuée de sentiments. Lui-même ne pouvait espérer revenir vivant, la mort pouvait l’emporter à tout instant, et Azénor ne pourrait se remettre. Elle devait vivre, connaître le bonheur… Même si l’idée qu’elle se fasse courtiser par ducs et barons le rendait fou de jalousie.
Le parchemin fut jeté dans le feu, les flammes léchant le bord du papier, emportant ses espoirs. Sa dame lui manquait cruellement, et il savait à l’avance que sa nuit allait lui apporter la seule délivrance possible. Délivrance certes honteuse, mais qui le faisait avancer chaque jour avec l’espoir de revenir. A cette simple pensée, une douleur sourde s’empara de lui alors qu’il se résignait à aller s’allonger.

Alwin cheminait depuis plusieurs jours dans les montagnes alors qu’un de ses cavaliers envoyé en éclaireur apportait des nouvelles :

- Messire ! Un émissaire sarrasin souhaite s’entretenir avec vous. Leur armée est installée dans la prochaine vallée. L’homme est venu sans armes, portant le drapeau blanc, signe de paix.
- Qu’il approche, et me présente sa requête.

Un cavalier portant un turban les rejoignit après quelques instants et demanda dans un anglais approximatif qu’Alwin rejoigne le chef ennemi pour négocier le passage des montagnes. S’entretenant rapidement avec Tristant, il fut décidé de faire confiance au Sarrasin et Alwin partit au petit galop avec l’émissaire.
L’arrivée au campement ennemi se déroula sans encombre, et la tension qui habitait le chevalier disparut peu à peu. Sautant à terre, il se dirigea vers une tente richement ouvragée. Personne…

- Salamaleïkoum ?

Hasarda Alwin alors que sa main glissait instinctivement vers son fourreau.
Un bruissement, et une douleur intense lui arracha un cri. Un jeune arabe venait de glisser une dague aiguisée entre ses côtes, l’empalant jusqu’à la garde. L’attaquant déchira une nouvelle fois la chair d’Alwin alors que celui-ci tombait sur les tapis orientaux.
Sa vision se troubla, et un troisième coup eut raison de lui et de sa conscience. Son corps retomba inerte au sol.

- Sa fièvre ne baisse pas, je crains le pire…
- Nous sommes sur le retour, il faut espérer qu’il tienne jusqu’au pays.

Alwin battit faiblement des paupières. Où était-il ? Était-ce Tristant à ses côtés ? Ou bien était-ce la belle Azénor et son sourire éclatant qui le veillait ?

- Azénor…

Souffla-t-il, alors qu’il retombait dans l’inconscience.
Tristant posa sur lui un regard triste, alors que l’apothicaire terminait de refaire l’épais bandage.

- La fièvre a raison de ses pensées… Il ne nous reste plus qu’à prier.
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MessageSujet: Re: Retour de croisade...   Retour de croisade... Icon_minitimeSam 1 Sep - 21:22

Des mois passèrent. Combien ? Un, deux, trois peut être...elle avait perdu la notion de temps. Le goût de vivre.Son sourire ? Définitivement disparu. Son rire ? Envolé depuis des lustres. Son regard pétillant ? Plus glacial qu'une dague acérée.

Toujours aucune nouvelle de son armée, surtout d'Alwin. Etait t'il vivant ? Mort ?

La menace de se faire épouser par un grossier baron pesait au dessus de sa tête, telle une épée de Damoclès. Mais elle s'en fichait. Elle s'en fichait éperdument. Les jours passaient, se ressemblaient lamentablement, le temps s'écoulaient, morne, insupportable.

Sans Alwin à ses côtés, Azénor avait perdu son âme. Son aura. Son essence. Elle parcourait les couloirs, siégeait sur le trône royal, réglait les affaires diverses, mais avec une froideur, un masque inexpressif, une tonalité qui sonnait comme un glas.

Dans ses rêves, elle le voyait, elle le sentait. Son parfum, son odeur, ses yeux, son rire son sourire sa voix. Elle le sentait au plus profond d'elle même dans un cri de délivrance. Et lorsqu'elle se réveillait, la réalité la reprenait de pleine face, les larmes embuaient ses yeux, son cœur semblait se déchirer, elle plongeait son visage dans son oreiller, étouffant à grande peines de longs et douloureux sanglots.

Un jour, alors qu'elle venait de terminer une séance de doléance, un page fit irruption, essouflé dans la salle :

-Votre majesté...(il s'inclina) votre Majesté, l'armée est rentrée il y a 2h de cela !

Le coeur de la reine s'emballa si violemment qu'elle crut défaillir, n'en montrant rien elle se redressa dans son siège :

-Où sont t'ils ?

-La plupart sont rentrés chez eux ma dame, quant à Tristan de Champagne il attend derrière la por..

Il ne put finir sa phrase qu'Azénor avait bondit de son fauteuil et réduisait la distance qui l'a séparait de la porte au siège à pas précipités.

Les gardes ouvrirent la façade de bois dans un grincement sonore, libérant la vision de Tristan, exténué et sale, le visage ravagé par les marques du combat.

- Ma reine...
Il s'inclina respectueusement, baisant du bout des lèvres la main tendue d'Azénor.

Elle s'efforça de ne pas laisser paraître les battements affolés de son coeur, l'excitation mêlée à une angoisse viscérale.

- Mon brave, je suis fort aise de vous voir de retour. Vous m'avez l'air à bout de forces, vous me ferez un compte rendu demain, allez vous reposer...

Tristan releva les yeux, croisant ceux, éloquents, d'Azénor.

-Alwin a survécu. Sa plaie cicatrise.

-Dieu du ciel merci....

Ce fut comme si son âme échappée revenait brusquement en elle. Une bouffée d'oxygène l'envahit. Ses yeux se remirent à briller si fort que même Tristan en fut ému.

-Où est t'il ? Où ?

Souffla telle à voix basse.

-Il discutait avec quelque uns de nos hommes lorsque je montais vous voir, dans la cour votre Majesté.

La profonde reconnaissance qu'elle lui adressa dans une œillade appuyée le fit sourire. Il se baissa de nouveau tandis qu'elle le dépassait à grands pas.

Soulevant son bliaud légèrement retroussé, elle dévala l'escalier en colimaçon, le coeur bondissant dans sa poitrine. Elle avait l'impression de ne pas aller vite. Assez vite.

Lorsqu'elle apparut dans l'encadrement de la sortie des marches, deux hommes se retournèrent de concert.
L'un portait un bandage au torse, mais le sourire illumina son visage remplaça bien vite la blessure.
Le premier homme s'inclina puis s'éloigna.
Azénor sentit un sanglot nouée sa gorge, ses lèvres frémirent, oscillant entre les pleurs et le sourire de soulagement, de bonheur.

Alors, oubliant toute retenue, toute dignité, elle le rejoignit à pas pressés, puis s'arrêta net face à lui. L'émotion était telle, qu'elle se retrouva bloquée. Elle ne savait plus si elle voulait fondre en larmes, ou bien se jeter dans ses bras. Elle leva la tête - car il était un peu plus grand qu'elle-, plongea ses yeux dans les siens, s'efforça de lui sourire mais ce fut comme si les muscles de la mâchoires demeuraient crispés. Son coeur martelait ses côtes d'une force phénoménale. Alors seulement quand elle vit Alwin lui adresser un large sourire et ouvrir ses bras, elle se jeta contre le torse massif, passant ses mains dans le dos masculin, se pressant contre lui en souriant enfin à travers des larmes.

-Seigneur merci..merci merci...

Répétait t'elle en enfouissant son visage contre ce torse imprégné de cette odeur qu'elle aimait tant. Elle releva la tête vers lui, se mit sur la pointe des pieds et l'embrassa sur le menton :

-Je t'aime...

Le tutoiement lui était venu si naturellement, après tant de souffrances, d'abscence.
Elle l'embrassa sur la joue gauche :
-Je t'aime..
Puis la joue droite :
-je t'aime
Le força a courber un peu la tête pour atteindre son front :
- Je t'aime
Le nez, puis s'arrêta à quelques centimètres de ce visage qu'elle aimait tant, eut un demi sourire lorsqu'il vint coller son front chaud contre le sien. Elle plongea ses yeux une nouvelle fois dans ceux océan, et ses lèvres vinrent s'écraser passionnément contre les siennes.


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MessageSujet: Re: Retour de croisade...   Retour de croisade... Icon_minitimeLun 3 Sep - 2:32

- Un effort chevalier Alwin…
- Alwin, de grâce…

Alwin remua faiblement dans sa couchette de fortune, les draps humides de sueur. Entendant vaguement de l’agitation près de lui, il tenta d’ouvrir les paupières. Il lui semblait qu’elles étaient soudées avec du plomb, et un gémissement s’échappa de sa gorge. Une main vint se poser derrière sa nuque, qu’on lui releva doucement, l’encourageant à poursuivre ses efforts. Un liquide amer glissa contre ses lèvres, et le goût le fit grimacer. Il réussit à lever la main, tentant de repousser l’apothicaire et ses breuvages.
Tristan sentit un sourire naître sur ses lèvres devant les premières réactions de son ami. Depuis combien de temps ? Un bon mois. Si ce n’est plus.

- Courage mon ami. Je sais que tu peux nous entendre. Et je sais que tu peux trouver la force de te réveiller.

Le blessé poussa un grognement de douleur alors qu’il ouvrait ses yeux. Aveuglé par le soleil, il fut tenté de les refermer si Tristan ne s’était pas imposer dans son champ de vision.

- Reste éveillé, l’apothicaire termine tes soins. J’ai bien cru te perdre.
- Je…

Sa propre voix le surprit. Eraillée et si grave, totalement différente de ses intonations habituelles. Et ce simple mot lui brûla la gorge. Son état comateux le rattrapait, et Tristan prit les devants en le redressant avec prudence, plein de bonne volonté. Alwin se sentit vaguement gêné par tant de mesures, et il s’appuya sur la couchette pour rester en position assise. Son second prit place à ses côtés, s’inquiétant de ses moindres gestes.

- Je ne vais point trépasser sous tes yeux Tristan…

Le silence de son interlocuteur le fit s’interroger. Son regard oscilla entre l’apothicaire qui appliquait un baume verdâtre sur son torse et entre son second qui se tordait les mains. Signe évident d’une anxiété mal dissimulée. Alwin se racla la gorge, et Tristan lui répondit :

- Nous avons cru te perdre Alwin. Ta fièvre a été d’une grande violence, et ta blessure s’est infectée. C’est un véritable miracle que tu sois debout, si je puis dire, en cet instant.

Alwin resta figé et les mots se bloquèrent dans sa gorge. Il avait l’impression de revenir d’un long et douloureux cauchemar… Un miracle ? Il y croyait. Se rappelant des visions provoquées par la fièvre, celle d’Azénor s’imposa à lui. Elle avait veillé sur lui, et l’avait fait tenir bon.
Ses mains tremblèrent, et il se sentit vaciller. Les deux hommes l’aidèrent aussitôt à se rallonger.

- Reposez-vous chevalier.

Alwin fut presque heureux du conseil, souhaitant prolonger ses rêves en compagnie de sa dame. Juste une dernière fois. Et peut-être la remercier de l’avoir sauver ? Un sourire s’étira sur ses lèvres alors qu’il tombait dans un sommeil réparateur.

Il avait fallu plusieurs mois pour qu’Alwin se remette totalement. Et encore, sa blessure continuait de le faire souffrir régulièrement. Mais qu’importe, il pouvait à nouveau chevaucher, être maître de ses idées, donner ses ordres et mener ses troupes. Même si celles-ci rentraient sans aucune gloire au pays. De Jérusalem, il n’en avait pas vu les remparts, mais selon Tristan, c’était sa santé qui passait avant tout.
Alwin chevauchait botte à botte avec ce dernier, discutant des dernières nouvelles du coursier. Celui-ci annonçait que le château n’était plus très loin. Ils y seraient avant la tombée de la nuit. L’allure de l’armée s’accéléra légèrement, laissant une ferveur joyeuse se répandre dans les rangs.

Alwin demanda à Alboin, un fidèle commandant, et à Tristan de les suivre jusqu’à la demeure royale alors que les troupes échangeaient les nouvelles avec la population, retrouvant des amis ou de la famille. Firmin, un jeune gradé, les menait à la caserne d’une voix sûre.
Le trio pénétra dans la cour, et des écuyers vinrent immédiatement à leur rencontre, s’occupant des montures fatiguées du voyage. Tristan s’éclipsa peu après pour aller les annoncer auprès de la reine.
Azénor. Enfin Alwin allait la revoir, après tout ce temps…
Au moment où Alboin lui demandait des précisions pour un rapport, des pas précipités se firent entendre, et ils se retournèrent.

Elle se tenait là. Magnifique. Resplendissante. Ses yeux brillaient, et une mèche folle glissa sur son front. « Elle a dû courir » songea Alwin alors que le sourire le gagnait. Son regard s’attarda sur la personne qu’il chérissait le plus au monde, et la vision qu’elle lui offrait lui fit se demandait si il ne rêvait pas.
C’est quand elle s’approcha de lui que la réalité s’imposa : Azénor était là.
Il entendit à peine Alboin se retirer. Il n’avait d’yeux que pour la belle. Belle qui murmurait des remerciements au Seigneur. Elle avait dû être mise au courant de sa blessure.

- Je t’aime…

Il tressaillit, n’osant le croire. Ces trois mots, combien de fois avait-il voulu les entendre ? Et ce tutoiement, laissant tomber ce formalisme ? Son désir s’intensifia alors que les lèvres d’Azénor se déposaient sur son menton. Et il pensa mourir de bonheur alors qu’elle répétait ces mots, avec passion, le couvrant de baisers. Il vint appuyer son front contre le sien alors que leurs lèvres se scellèrent dans un baiser passionné. Il tenta d’y mettre toute sa fougue, toute sa passion, tout son amour. Tout ce qu’il n’avait pas pu lui montrer durant des mois.
Il repoussa la barrière de ses lèvres, venant jouer avec sa langue, s’accordant avec elle harmonieusement. Approfondissant le baiser, il se surprit à venir mordiller les lèvres de son amante, alors que ses mains se glissaient dans le dos de sa robe, l’enfermant dans son étreinte.

- Je t’aime de toute mon âme Azénor.

Souffla-t-il dans le creux de son oreille, redressant légèrement sa tête. Il la releva pour pouvoir admirer son amante, et une de ses mains se posa sur sa joue.

- Je n’ai cessé de penser à toi. Chaque jour, chaque nuit. Chaque instant et chaque seconde.

Sa propre sincérité l’ébranla, et il continua d’une voix profonde :

- Si je suis encore vivant aujourd’hui, c’est grâce à toi ma reine. Tu m’as accompagné tout au long de mon périple.

Ses doigts frôlèrent sa nuque, et il s’amusa de voir qu’elle frissonnait à son contact. Une chaleur s’installa dans son bas-ventre, et il rougit légèrement alors que la toile de son pantalon se tendait. Il s’éloigna légèrement pour ne pas paraître inconvenant, et il tenta de ne pas laisser paraître sa gêne soudaine.
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MessageSujet: Re: Retour de croisade...   Retour de croisade... Icon_minitimeSam 3 Nov - 1:05

Elle ne put s'empêcher de rire légèrement devant la réaction physique d'Alwin.
- Viens..
Lui dit t'elle avant de le prendre par la main et de le conduire, le coeur battant, à sa chambre.
Une fois que la porte se fut refermée sur eux, elle lui fit face les yeux brillants.
Elle passa ses mains fines sous la toile de lin d'Alwin, effleurant le bandage de sa blessure, dessinant les traits de ses muscles de ses doigts habiles. La peau masculine était si douce, qu'Azénor esquissa un sourire attendrie.
Elle plongea ses yeux dans ceux, océans, sentant une vague de désir la traverser de la tête aux pieds.
- Je t'aime.
Le voyant ouvrir la bouche pour parler, elle l'interrompit en posant ses lèvres sur les siennes. Encouragée par le gémissement de contentement, elle l'embrassa de plus en plus passionnément, sa langue taquinant la sienne avec une ardeur grandissante.
Elle se pressa contre lui, prolongeant le baiser d'une fièvre traduisant un manque insupportable.
Un manque de lui. De sa présence, de son âme.
Lorsque les bras d'Alwin se refermèrent avec force autour d'elle, elle crut mourir de bonheur.
Elle n'arrivait plus à détacher sa langue, ses lèvres de celles du chevalier. Elle voulait rester là, éternellement. Rester en harmonie totale avec lui, le garder contre elle, pour elle.
Indéfiniment.
A bout de souffle, elle rompit le contact, mais revint poser ses lèvres contre les siennes, qu'il emprisonna un court instant, avant de la libérer.
- Ne me laisse plus jamais. Plus jamais...
Elle vint nicher son visage dans le creux de son cou, inspirant son parfum avec délice. Fermant les yeux, elle eut envie de s'endormir tout contre ce contact qu'elle chérissait tant.
Ils restèrent ainsi, des minutes durant, enlacés, apaisant l'abscence insupportable qui les avait séparé.
Puis, elle s'écarta un peu, et attrapa les mains masculines, les posant dans son dos, lui jetant un regard brûlant.
Inutile de parler, ils se comprenaient d'un seul accord visuel.
Alors qu'Alwin défaisait avec précaution le corsage de la belle, elle lui enleva tout aussi cérémonieusement sa chemise, s'efforçant de ne pas raviver la blessure du torse.
Lorsque sa robe glissa à terre, et qu'il l'a bascula doucement sur le lit, Azénor crut tout simplement rêver.
Elle chercha ses lèvres en gémissant sous ses caresses expertes. Tout son être tremblait d'une passion d'une envie dévorante. Elle bougea légèrement des jambes, et frémit de plaisir alors qu'il vint caresser sa cuisse, et dû se mordre la lèvre inférieure quand sa main s'insinua entre ses cuisses, frôlant son intimité d'une manière si parfaite, qu'elle eut l'impression d'avoir déjà connu cette caresse avec lui avant. Pourtant comment était ce possible ? Jamais ils n'avaient été aussi proches.
- Seigneur je..
Elle ne put terminer sa phrase qu'un violent frisson de plaisir la traversa, elle en sursauta presque, et ne put rien ajouter puisqu'Alwin vint lécher la base de son cou ce qui lui fit perdre tout ce qu'elle comptait dire, disparaissant dans un gémissement.


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