Chevalier de coeur. [Priorité Alexey]

Elle ferma la porte de chêne derrière elle, l'air sentait bon l'odeur des oiseaux dans la volière. Elle aimait ce parfum ambré, fort, mais pas désagréable. D'une inspiration elle huma cette senteur antique, et s'avança d'un pas impérial vers la cage qui renfermait son précieux faucon pélerin, Esteban. Ce dernier somnolait, perché sur le bâton qui faisait office de branche d'arbre. Son caractère violent et irrascible lui valait une cage pour lui tout seul, dans le but d'éviter toutes attaques, combats avec d'autres faucons qui viendraient lui chercher noises.

Elle était épuisée, exténuée, vidée de toutes forces. Cela faisait une semaine que le vampire, le fourbe, Louis Thaudéeus l'avait mordu à la gorge. Elle s'était effondrée dans ses bras, avec l'impression qu'on lui enlevait son énergie. Il l'avait ramené au château, la laissant allongée au sol, devant la porte d'entrée. Les gardes chargés de la ronde de nuit l'a découvrirent sans connaissance à même la terre. Durant quatres jours, Azénor ne donna aucun signe de vie, sa peau restait aussi blanche qu'un drap, ses yeux clos. Isaac fit appel à de nombreux médecins qui lui firent des saignées dans les deux bras, mais aucun ne découvrit la raison de cette brutal perte de connaissance. Deux jours de bouleversement du royaume, les conseillers d'Isaac n'appréciant guère la belle, mandaient déjà au roi de célébrer son enterrement, niant tout espoirs de l'a revoir vivante. Les hommes d'Eglise ne cessaient de questionner le roi au sujet d'une possible ablution pour permettre à Azénor de partir au paradis, dissoute de ses pêchés. Mais heureusement, Isaac ne les écouta pas, et accorda une semaine de plus au royaume et à sa soeur. Si au bout d'une semaine, Azénor ne donnait toujours aucun signe de vie, il en sera fait. Sinon, tout le monde devait prier pour le retour de son âme.

L'attente fut longue et laborieuse, Alexey et Alwin rendirent de nombreuses visites à la belle, plongée dans un sommeil funèbre. Les ménestrels, enchaînaient les chansons d'amour courtois, d'éloge mortuaires, associant déjà la belle à une colombe qui de ses ailes invisibles les prit pour rejoindre le ciel. Le peuple d'Amateria s'attendaient à se mettre en deuil d'un jour à l'autre, les jeunes filles avides de prendre la place de la jeune souveraine, tentaient déjà de séduir Isaac pour être sa favorite et ainsi devenir reine . Puis, au bout du quatrième jour, alors que meme son frère pensait l'avoir perdue à jamais, Azénor s'éveilla lentement, dans un gémissement indisctint. Sa nourrice, Augusta l'a veillait à ce moment là, le jour se levait en même temps que la belle. Surprise, affolée, la nourrice sonna l'alerte en hurlant partout dans le château que le miracle se produisait. Les médecins accoururent aussitôt, et trouvèrent Azénor assise , dos à l'oreiller, les yeux grands ouverts, la mine habituellement impassible, une lueur neutre dans son regard horriblement terne. Des cernes de fatigue en dessous de ses yeux, les lèvres pincées.

Elle rassura séchement tous ceux qui lui demandaient comment elle se portait, et demanda à être seule. Deux jours après, Azénor épousait son lit , sous l'inquiétude de son frère, d'Augusta, et d'Alexey et Alwin. Les médecins rassuraient en disant que ce mal inconnu lui passerait certainement après un bon repos, que le sang avait dû lui tourner. Les prêtres priaient davantage remerciant Dieu d'avoir redonner vie à leur souveraine bien aimée. Quant à Isaac il ne croyait ni en un mal imprévu, ni en un miracle. Ce fut Augusta qui découvrit la véritable raison, en passant un gant d'eau dans le cou de la belle qui n'esquissait aucune humeur, restant aussi dépourvue de réactions qu'une pierre. Elle remis en place une mèche brune derrière l'oreille d'Azénor, c'est en baissant les yeux qu'elle vit deux trous sanglants juste a hauteur de son oreille. Elle avertit aussitôt Isaac qui reconnut la marque des dents d'un vampire. Le lendemain, Azénor reprit un peu plus de force, et s'entrenue sérieusement avec son frère, lui racontant en détail sa rencontre brûlante avec Louis. Il envoya une troupe de vingt chevaliers à la recherche du vampire dans tout le pays.

Maintenant, elle ne ressentait que quelques picotements dans son cou, grâces aux infusions de plantes revigorantes préparées par les soins d'Augusta, Azénor se sentait de nouveau la force de sortir de son lit. Après un petit tour à cheval , (elle en profita pour faire un peu d'exercices à Angharad), elle monta à la volière.

Ses souvenirs s'arrêtèrent, son attention se reconcentra sur Esteban qui sortit de sa cage pour venir se poser sur son avant bras plié en équerre. Le fait de retrouver le contact avec sa jument et son faucon redonna le sourire à la belle. Malgré sa grande fatigue, elle vérifia que son gant de cuir tenait bien en place, puis s'approcha de la fenêtre ouverte, et leva le bras en avant, donnant le signal à Esteban . Ce dernier poussa un cri perçant et s'envola aussitôt haut dans le ciel, pour ne devenir qu'un petit point noir. Le soleil était à son zénith dans le ciel, l'été brillait à présent, mais pas le regard de la belle. Sa blessure infligée par le vampire l'avait profondément affaiblie et bouleversée. Au bout d'un moment, elle siffla longuement, et attendit. Esteban revint dans le même cri aigu, et fondit sur elle à toute vitesse. Un sentiment de liberté et de réconfort envahit Azénor, elle plia de nouveau le bras, Esteban plongea sur son bras, ses serres s'accrochèrent sur le gant cuivré.

Elle embrassa la petite tête du faucon, quand la porte s'ouvrit à la volée derrière elle. Azénor fit volte face , son sourire s'estompant aussitôt, recouvrant son masque de froideur. Esteban cria derechef et transperça le jeune homme dans un regard méfiant.

Alexey. Azénor le dévisagea un moment sans réagir, puis siffla tremblante à l'adresse d'Esteban, qui rentra aussitôt dans sa cage, docilement. Elle s'avança, chancelante vers lui, deux semaines qu'elle ne l'avait pas vu. La semaine dernière il était soi disant partit pour mission, puis elle avait rencontré Louis...et après elle était tombé dans un sommeil comateux. Elle essaya de lui décocher un regard noir, lui reprochant de ne plus lui avoir donner de nouvelles. Elle savait qu'il était souvent venu la voir lors de ses quatres jours d'inconscience, mais quand même...

Alors elle laissa la rage d'amour l'envahit, et fonça sur lui pour marteler son torse de coups de poings furieux, les larmes coulant soudainement sur ses joues pâles :

- Sir...Alexey...je vous...déteste !!

Entre chaques mots venaient un hoquet de sanglots, mélange de fatigue et de manque d'affections. Elle continua à le frapper de ses petits poings frêles, puis s'arrêta, plongeant son regard bleu baigné de larmes dans celui de son amant. Mais elle l'aimait tellement, que son parfum lui chatouilla le nez, et sa colère s'envola, elle fondit en larmes et se jeta à son cou, plongeant son visage dans la nuque du chevalier.

» Greensleeves, was all my joy...[PV Alexey]
» Alexey Staurakios Wolkoff