Une ombre traversant sans un mot... [PV Azenor]

Il pleuvait au dehors. Enveloppée dans son manteau noir, la capuche relevée légèrement sur son visage, Sélène marchait au milieu des chevaux paniqués. Sa présence les rendait fou: ils hennissaient et câbraient, en proie à la panique: un prédateur pénétrait leur antre et, enfermés comme ils l'étaient, ils n'avaient aucune chance de fuir.

Une journée s'était écoulée depuis qu'elle avait rencontré les deux rois. Elle n'avait pas cherché à les retrouver, se demandant toujours quel clan rejoindre et, s'il fallait devenir plus "humain" par la force, elle préférait jouer seule.
Au milieu du tumulte de hennissement, de sabots frappants le sol, la jeune vampire eut une sorte de flash: les animaux paniqués comme cela lui rappelait la mort de ses deux nièces... et le début de sa nouvelle vie: l'enterrement de son existence humaine pour quelque chose de plus animal, plus barbare, plus dangereux...
Elle soupira, leva les yeux vers une poutre qui semblait solide, bien qu' assez vieillie par le temps. Se repliant sur elle-même, elle fit un bond légèrement plus long que celui qu'un humain aurait fait et, s'agrippant au bois, elle se hissa et s'assit, observant les chevaux se calmer petit à petit. Ils la sentaient toujours mais ne sentaient plus la menace de sa présence si proche: ils ne la voyaient plus, elle était donc en train de partir, avec de la chance.

Seulement, non, elle ne partait pas. Elle observait, sentait tout ce sang autours d'elle sans pour autant y toucher. Elle avait pris soin de boire assez le sang humain volé chez un médecin. Puis, une présence autre que celle des chevaux se fit sentir. Quelqu'un avait sans doute été attiré par le vacarme. Premier réflexe: la jeune vampire cessa de respirer. Sentir le sang et entendre le coeur battre était trop de supplice à la fois. Pourtant, elle avait mangé, mais l'odeur lui avait rappelé quelque chose qu'elle ne préféra pas identifier. Second réflexe: s'accroupir sur la poutrelle, sans un bruit, ne laissant pas l'occasion à l'inconnue de repérer ses pieds balançant dans le vide. Dernier réflexe, se retenir de sauter face à l'intruse pour l'identifier. Si cette dernière était armée, elle risquait d'être blessée.

La pluie frappait les carreaux de la fenêtre dans un " ploc ploc" répétitif. La chaleur de la cheminée dégageait une douce odeur de bois brûlé. La lumière de la flamme flamboyante éclairait la vaste pièce aux tapisseries couleurs pourpre.
La nuit étendait son manteau sombres, nuageux, au dessus du château.

Elle marchait pieds nus, sur le sol réchauffé de sa chambre. La cheminée l'enveloppait d'une chaleur doucâtre, et elle s'allongea sur son lit à baldaquin, la mine pensive. Alexey venait juste de l'a quitter, ils avaient passé l'après midi et le début de soirée à rester ensemble, s'amusant à se connaître l'un et l'autre, jouant à cache cache comme deux jeunes enfants...
Oh bien sur, ils n'avaient pas fait que cela, mais, ça, Azénor se contenta d'un petit sourire rêveur, se gardant bien de repenser à ce genre de moments, privilégiés.
Son corps réprima un violent frisson à ce brûlant souvenir, la présence de son premier amant l'adoucissait à un point inimaginable, elle devenait même presque bavarde avec Augusta.

Cependant, le visage d'Alwin vint troubler ses douces pensées. Azénor fronça légèrement les sourcils, les yeux rivés sur le plafond. Avec lui un souvenir lui revenait. Celui de leur rencontre dans l'auberge, il y a une semaine de cela. Elle l'avait embrassé, et aucun regret ne vint. Une seconde joie plutôt. Pour l'instant, ils n'étaient pas aussi proches qu'Alexey et la Damoiselle. Mais ça ne serait venir..

Durant cette journée, elle en avait presque oublié la nuit dernière... Son visage se crispa, la rencontre houleuse avec Sélène ne partait pas de sa mémoire. Elle était certaine, totalement certaine, que cette jeune femme cachait un sang de vampire en elle. Le problème,étant qu'Isaac, semblait être tomber amoureux d'elle, ce qui fit redoubler la colère sourde en Azénor. Par réflexe, son sourire tomba, ses lèvres se pincèrent de mécontentement, et elle se releva d'un coup.

Elle devait parler à la seule personne qui ne la jugeait pas, qui l'écoutait. Angharad.
La belle bondit de son lit, enfila une robe bleu pâle, (étant donné que la précédente robe rouge traînait par terre après la venue de son amant, et qu'elle détestait remettre la meme robe une deuxième fois) et sortit de sa chambre. En parcourant les longs corridors déserts par l'heure tardive, Azénor croisa quelques servantes, deux trois écuyers, et sa vieille nourrice qui se garda bien de tout commentaire, connaissant la jeune femme comme si elle l'avait faite, et sachant pertinemment qu'après la visite du Chevalier de Wolkoff, les questions ne devaient être posés que des jours plus tard, sous peine de remarques cinglantes.

Azénor poussa la lourde porte de bois qui donnait sur la cour, elle ignora le froid mordant qui s'attaqua à son décolleté, et à ses épaules nues, filant rapidement à l'écurie. Quand elle entra dans le bâtiment en bois, la même chaleur que dans sa chambre l'a prit à la gorge. Elle inspira profondément l'odeur familière du foin, des chevaux, puis avec un léger sourire, elle traversa les stalles pour s'arrêter devant le box d'Angharad. Mais avant d'entrer, Azénor embrassa les stalles du regard, les chevaux semblaient un peu agités, nerveux, quelque chose n'allait pas, quelque chose ne devait pas être là...

Elle haussa un sourcil, jetant un oeil prudent derrière elle, dans les recoins, mais personne. La belle haussa les épaules, et ouvrit la porte du box.

- Ma belle, je suis là...

Souffla t'elle en fermant le portillon derrière elle. Angharad ne fut même pas effrayé de voir une personne faire irruption de cette façon, elle avait tout de suite reconnu sa cavalière, son amie, à son parfum sucrée, et à sa voix douce.
La jument hennit doucement, frottant sa tête contre l'épaule d'Azénor. La jeune femme posa un baiser sur son chanfrein, caressant d'une main le poitrail baie de l'équidé.

- Comment va tu ma jolie...? Tu n'as pas trop froid ? J'ai beaucoups de choses à te dire...

Elle s'asseya dans le foin, face à Angharad, qui baissa la tête, plongeant ses yeux noisettes dans les pupilles féminines.

- J'ai un amant maintenant...il s'appelle Alexey...il est fort séduisant, il est très épris de moi, j'aime être avec lui...

Un doux sourire illumina son visage pâle :

- Et puis il y a une semaine de cela, j'ai rencontré le dragonnier, Alwin, on s'est rapproché..je crois qu'on ne restera pas longtemps que de simples connaissances.

Elle souria encore plus et caressa derechef la crinière de la jument qui broutait le foin à ses pieds, gardant ses oreilles rivés sur la jeune femme, signe qu'elle l'écoutait attentivement.

- Mais..hier soir, je suis partie au village, la nuit. Et, avec Isaac, nous avons rencontré Sélène, une jeune femme qui j'en suis sûre est un vampire.

Ses traits se crispèrent de nouveau, elle était loin de se douter qu Sélène se trouvait juste au dessus de sa tête.

- Malheureusement, j'ai vu sur le visage de mon frère, qu'il l'a trouvait à son goût...

Une lueur glacial traversa les pupilles électriques :

- Que dois je faire Angharad..

Un craquement retentit soudainement, Azénor sursauta et se releva pour sortir du box, les chevaux s'agitaient à nouveau. Elle jeta un oeil sur le couloir, mais personne.

- Qui est là ?

Demanda t'elle d'un ton impérieux.

Tout en écoutant soigneusement la jeune fille, Sélène se força à ne pas faire un mouvement. Un seul craquement et elle serait repéré. Alors comme ça, la jeune demoiselle si agressive avait deux amants? Décidément, on en apprend tous les jours...
Jetant un regard circulaire sur les chevaux, la jeune vampire écouta d'une oreille distraite la reine parler à son cheval. Elle ne trouvait pas ça tellement ridicule même si, dans un sens, ça l'était pour certains. Puis, alors qu'elle attardait son regard sur un cheval noir qui la fixait -et qui, remarquant qu'elle l'avait repéré, fit mine qu'il avait vu quelque chose avant de brouter le foin distraitement XD- le sujet des confessions d'Azénor en vint sur elle. Elle se redressa lentement, bien assez calmement pour éviter tout craquement. Visiblement, rien à faire, cette foutue Damoiselle l'avait percé à jour! Enfin de nuit... Comment avait-elle pu être si sûre de ça? Malgré l'autre idiot de vampire qu'ils avaient tué, elle restait convaincue que Sélène était de cette race!

- Malheureusement, j'ai vu sur le visage de mon frère, qu'il l'a trouvait à son goût...

Hein?! Elle faillit tomber, partagée entre une envie de rire de la situation: perchée dans un angle du mur, sur une poutre de bois, et le fait qu'elle était gênée de l'apprendre de cette façon. Evidemment, les vampires sont fait pour plaire, enfin, certains... quand on repense à celui de la veille x)! Mais elle n'avait apparut qu'un court instant et avait amplement contrarié le jeune homme en tuant celui qu'il espérait faire parler.
Par réflexe, elle eut un mouvement de recule. S'appuyant contre le mur, elle frôla le pelage d'un chat qui, surpris, bondit de sa cachette pour atterrir... sur une poutrelle qui semblait fragile et qui grinça à son contact u_u!
Faisant le gros dos, le félin descendit en vitesse de son perchoir et traversa les boxes à toute vitesse. Cependant, Azénor ne semblait pas dupe et se recula immédiatement, demandant qui était là...

Aïe. Après ce qu'elle venait d'entendre sur elle... c'était un peu... déplacé? Gênant? De sortir de sa cachette.
Toutefois, Azénor savait. Où était le mal à parler un peu avec elle?
Sélène soupira et s'assit, laissant pendre ses deux bottes noires dans le vide. Visiblement, la jeune femme n'était pas venue armée, donc: aucun risque de mourir de suite x)!

Sautant sur le sol, elle posa une main pour freiner son élan et atterrir en douceur. Se relevant, elle cacha son visage sous sa cape. Oui, il s'agissait bien de la demoiselle qui la détestait... Il devait y avoir une tonne de personne par ici mais sa poisse faisait qu'elle tombait sur la seule qui voulait sa peau!

Relevant sa capuche, elle adressa un pauvre sourire à Azénor, murmurant un:

"Je passais vous rendre visite, vous me manquiez!"

Rien d'agressif, cependant bien ironique comme phrase. Expliquer sa présence serait sans doute difficile: elle-même ne savait pas la raison de sa venue ici, près des humains. Testait-elle donc sa soif?

Lorsqu'elle leva les yeux au plafond, deux bottes noires apparurent dans son champ de vision. Azénor sursauta violemment, son coeur manqua un battement. Quelqu'un sauta devant elle, caché par un capuchon. La jeune femme tourna légèrement la tête sur le côté, dévisageant l'inconnu avec méfiance.
Le mystère ne tint pas longtemps, puisque l'étranger enleva son déguisement, et Azénor devint immédiatement impassible et glacial.

- Sélène...

-Je passais vous rendre visite, vous me manquiez!

La remarque ironique sans aucun doute de la vampire, augmenta la rage étouffée d'Azénor. Elle n'eut aucun mal à lui décocher un sourire froid, pire qu'aucune expression du visage. Ses mains se crispèrent sur sa robe. Les chevaux piaffaient, s'agitaient, ronflottaient des naseaux, énervés par cette présence.
Damoiselle toisa de haut Sélène, les lèvres pincées, elle croisa finalement ses mains sur son ventre, se redressant de toute sa hauteur.

-Vous aussi vous me manquiez, il est vrai qu'il m'arrive peu de croiser une jeune femme...mystérieuse, dans mon propre château.

La simple idée de savoir que Sélène avait trouvé le moyen de venir ici, rendit Azénor folle de rage, intérieurement. Elle se jura d'en toucher deux mots aux gardes, qui apparement n'exercaient pas leur fonction à merveille...

Son regard glacial croisa celui de Sélène, et sa voix claire résonna dans le bâtiment :

- Puis je savoir ce que vous faîtes ici, dans le château, à cette heure tardive, perchée tel un chat sur une poutre, à écouter sans aucune politesse les conversations qui s'y déroulent ?

Elle ajouta avec une ironie mordante :

- La prochaine fois, allez donc vous glissez dans la chambre de mon frère, vous trouverez bien une cachette dans une armoire, et vous pourrez ainsi déguster votre statut de favorite du Seigneur.

Tout le monde en parlait au château depuis se matin, les plus proches chevaliers d'Isaac, avaient bien remarquer un certain changement dans le comportement d'Isaac, plus rêveur, encore plus rieur..
Personne ne connaissait l'identité de cette mystérieuse jeune femme qui faisait battre le coeur du Seigneur, mais tout le monde s'accordait a dire qu'elle devenait sa favorite...

- A moins que vous ne préférez venir fouiner vicieusement dans la salle du trône, pour colporter ce qui se dit dans le royaume à vos...

Elle haussa un sourcil, d'un air écoeuré :

- Frère...de...

Elle accentua particulièrement sur le dernier mot :

- Sang.

Un sourire presque manipulateur s'afficha progressivement sur son visage, ses mains se tordirent non pas dans un geste de nervosité, mais parcqu'elles retenaient une certaine envie de se jeter sur cette vampire qui lui volait non seulement une partie de son pouvoir, ( puisqu'Isaac refusait qu'Azénor utilise la force pour lui faire avouer son secret) mais aussi son propre frère.

Devant les remarques si agressives de la jeune fille, Sélène regretta bien vite de s'être montrée. Mais, puisqu'elles étaient toutes les deux,que la vampire était armée et non pas la damoiselle... un grand sourire s'étendit sur les lèvres de la jeune femme pâle qui avait déjà trouvé quoi rappliquer.
Cependant elle attendit que la rageuse de Reine finisse de lui balancer des pics pour la dévisager avec un sourire. C'est dingue comme on peut se faire agresser verbalement sans rien faire! O.o
Toutefois les mots "frères de sang" lui firent perdre patience, elle dégaina son épée et la tendit vers la demoiselle, le tout dans un sifflement dû au vent fouettant la lame et d'une rapidité imprévisible. Rien n'effleura la femme cependant. Sélène ne voulait pas la tuer, juste la faire taire un peu.

"Quand on est seule et désarmée, et qu'on a tendance à porter des jugements aussi hâtifs, on évite de faire la maligne. Je ne supporterais plus longtemps vos sarcasmes. Est-ce ma faute si votre frère m'a apprécié? Il m'aura oublié d'ici quelques jours, si vous le souhaitez. Si mon chemin ne croise plus le sien, vous serez sans doute heureuse, n'est-ce pas?"

Rabaissant son arme et la rengainant, elle dévisagea la jeune reine imprudente.

"Et si j'étais là, ce n'était pas pour garder des moutons! Je venais ici pour avoir une présence, je n'imaginais pas qu'une Reine viendrait parler à son cheval en plein milieu de la nuit! Je n'étais pas ici en attente d'écouter ce que vous auriez pu avoir de croustillant à me fournir!"

Bizarrement, elle avait l'impression de ne pas avoir menti, d'avoir trouvé des arguments vrais. Sauf bien sûr en matière de dormir. Elle venait non pas pour manger, mais pour une présence. Elle se sentait seule depuis qu'elle avait quitté les vampires, et vu la réaction des humains, en particulier de la demoiselle qui lui faisait face et la regardait avec hargne, elle se sentait à demie-perdue.
Ne quittant pas des yeux la jeune femme, elle remarqua que les chevaux s'étaient tus mais restaient tendus par l'animosité qu'ils devinaient entre les deux femmes.
Sa voix se fit plus calme. Elle ne voulait pas forcément rentrer en guerre avec cette femme, et elle aurait volontiers troqué son statut de vampire pour redevenir humaine même si ça n'aurait pas permis de venger sa famille...

"Et je ne viens pas pour vous voler votre frère. Si vous le souhaitez, je m'en vais. Je ne suis pas ici pour la guerre, en tout cas pas celle qui nous oppose vous et moi."

Maintenant qu'elle s'était calmé, elle entendait presque le chat remonter sur son perchoir, toujours un peu tendus mais plus aussi mauvais qu'il y a quelques minutes.

-Quand on est seule et désarmée, et qu'on a tendance à porter des jugements aussi hâtifs, on évite de faire la maligne. Je ne supporterais plus longtemps vos sarcasmes. Est-ce ma faute si votre frère m'a apprécié? Il m'aura oublié d'ici quelques jours, si vous le souhaitez. Si mon chemin ne croise plus le sien, vous serez sans doute heureuse, n'est-ce pas?

- Vous lisez dans mes pensées ma chère, mon bohneur atteindrait son apogée, vous pouvez savoir à quel point.

Elle lui répondit à son tour par un sourire malicieux,malsain. Elle n'avait pas bronché quand Sélène l'a menaçait de son épée, mieux valait ne pas faire de gestes brusques. Quelles sotte d'avoir omis de prendre la sienne...
D'ailleurs, elle fit bien ne pas s'énerver, puisque Sélène rabaissa son arme, et se lança dans un autre discours :

Et si j'étais là, ce n'était pas pour garder des moutons! Je venais ici pour avoir une présence, je n'imaginais pas qu'une Reine viendrait parler à son cheval en plein milieu de la nuit! Je n'étais pas ici en attente d'écouter ce que vous auriez pu avoir de croustillant à me fournir!"


- Mais vous vous lancez dans l'humour ? Fort étonnant, j'ignorais que les vampires savaient rire. Si ce n'est de leur ignominie.

Là, Azénor passait à la provocation. Elle savait que Sélène n'oserait la blesser, les gardes rôdaient près de l'écurie, il suffirait qu'Azénor fasse semblant de crier de l'aide pour que ces derniers accourent, et arrêtent sur le champ la vampire. Ce ne serait pas une si mauvaise idée après tout...
Quoique, la réaction d'Isaac en apprenant cette arrestation ne serait pas bonne, Azénor le connaissait suffisament bien pour deviner qu'il lui ferait de lourds reproches, et peut être même ne lui pardonnera jamais...
Anticipant avec précision la colère de Sélène à cette remarque volontairement blessante, Azénor émit un sifflement aigu, presque chantonnant. Angharad déjà bien nerveuse, réagit aussitôt, et se cabra violemment dans son box, ses sabots de devant tombèrent avec fracas sur le portillon qui s'ouvrit à la volée sous le poids et le choc du contact. La jument sortit dans un hennissement retentissant, s'interposant entre sa cavalière et Sélène. Azénor émit son habituel petit sourire satisfait, elle claqua deux fois de la langue, Angharad fit alors face à Sélène, et se cabra devant la jeune femme, battant dangereusement des sabots qui menaçaient de venir frapper de plein fouet la vampire.
Seulement, Azénor ne souhaitait pas non plus faire un mal physique à Sélène, juste lui faire comprendre que ce n'était pas la peine de la chercher elle non plus. Elle claqua une fois de la langue, murmurant des paroles incompréhensibles qui eurent du sens pour la jument, l'équidé retomba lourdement sur ses sabots, frôlant presque Sélène, et lui montra les dents en hennissant plus faiblement.
Mais ce sifflement d'ordre de la belle n'était pas dans le seul but d'appeler Angharad. Un cri perçant retentit dans l'écurie, les chevaux poussèrent des hennissements affolés, mais pas suffisament fort pour qu'un palefrenier qui dormait dans le bâtiment d'en face puisse les entendre. Azénor leva les yeux, gardant cette mine réjouie. A travers une lucarne a demi ouverte, un faucon pélerin entra en battant des ailes. Son corps svelte, marron clair, fonça sur Sélène, et frôla ses cheveux de ses serres acérés. Azénor l'empêcha d'aller plus loin en sifflant d'une façon plus sèche, le faucon poussa un second cri et vint se poser sur l'épaule d'Azénor.
Azénor caressa distraitement la tête d'Esteban, gardant toujours les yeux posés sur Sélène :

- Alors que faites vous ici ?

Demanda t'elle d'un ton calme, son sourire cynique s'effaçant lentement, toisant la jeune femme de son air hautain.

Une soudaine envie de sauter à la gorge du cheval pour, non seulement se débarrasser de la protection de la jeune femme, mais aussi pour la blesser moralement. Cependant, elle contint sa soif de sang et dévisagea avec dégoût la jeune femme. Voilà qu'elle appelait sa ménagerie au renfort! Au lieu de faire "reine" elle aurait pu faire berger, elle gardait bien ses sales bestioles!
Un sourire meurtrier s'étendit sur ses lèvres alors que le faucon frôlait sa tête. Elle ne bougea pas d'un poil malgré les menaces proférées par les gestes et paroles provocatrices de la "Damoiselle".

"Vous êtes agaçante, vous l'a-t-on déjà dit?" XD

Elle marqua un temps d'arrêt et pensa à un tas d'autre chose qu'elle préféra dire oralement, histoire de calmer les ardeurs de la pseudo-reine face à elle:

"Et pas seulement. Vous êtes écoeurante. Pire que n'importe quel vampire que j'ai pu tuer. Sans doute est-ce un compliment de ma part, n'est-ce pas? Mais vous êtes vous au moins rendu compte que, armée, j'aurais pu planter votre cheval sitôt qu'elle avait cabré? C'était un jeu d'enfant, elle me montrait son ventre. Vous sacrifieriez vos "amis" à votre place. Je me demande quel type de Reine me fait face."

Si Azénor voulait jouer la carte de la provocation, Sélène avait pas mal d'atout dans son jeu. Se reculant, elle entreprit de bondir sur la poutrelle, chose qu'elle ne fit pas pour ne pas trahir son identité. Elle en avait assez de l'insolente face à elle. La vampire tentait de garder un minimum de respect -et surtout un minimum de retenue pour ne pas lui sauter à la gorge- mais c'était difficile, et le coeur de l'oiseau battait encore plus vite que ceux des autres.

"Ah et, pensez-vous vraiment que c'est avec la force qu'on fait parler les gens? Vous avez fais agoniser ce vampire et il ne vous aurait jamais répondu. De même pour moi. Votre cheval et votre piaf ne m'intimident guère. Et il me semble avoir déjà répondu à votre question."

S'étant reculée quelques minutes plus tôt, elle pouvait dégainer son arme sans blesser personne, juste histoire de les maintenir à distance. Cependant elle ne le fit pas: au moindre mouvement, elle se défendrait cette fois. Si l'espèce de pigeon (XD) tentait de l'agresser, il se ferait déplumer... Ou bien, elle prévoyait autre chose: pourquoi ne pas l'attraper en plein vol? Quoi que ça, c'était un peu trop vampire...
Avec dégout de nouveau, elle dévisagea la jeune femme. Elle était réellement égoïste: elle se fichait bien de ce que son frère pensait, et peu importait si sa jument était blessée. Du moins, elle paressait vraiment comme tel. Trop d'amour propre tue l'amour propre!

"Bien... Alors, à bientôt?" x)

-Vous êtes agaçante, vous l'a-t-on déjà dit?

- Agaçante ? Non, parce que je ne laisse personne se permettre de me le dire.

Azénor toisa de haut comme à son habitude la vampire qui affichait un sourire assassin, elle se sentait, pleine de puissance, de pouvoir..mmh, un vrai délice. Sélène lui renvoya son sourire mauvais et poursuivie :

- Et pas seulement. Vous êtes écoeurante. Pire que n'importe quel vampire que j'ai pu tuer. Sans doute est-ce un compliment de ma part, n'est-ce pas? Mais vous êtes vous au moins rendu compte que, armée, j'aurais pu planter votre cheval sitôt qu'elle avait cabré? C'était un jeu d'enfant, elle me montrait son ventre. Vous sacrifieriez vos "amis" à votre place. Je me demande quel type de Reine me fait face.

- Déjà, je ne suis pas Reine mais Damoiselle, mon frère est Roi. Ensuite, je savais pertinemment que vous ne feriez pas de mal à Angharad, tout simplement parce que vous êtes trop stupide pour vous rendre compte que je ferais tout pour vous gâchez la vie comme vous gâchez la mienne. Et pour finir, ce n'est pas mon amie, c'est une partie de mon âme, comme Esteban, mais je pense qu'avec la sensibilité de petite cuillère que vous possédez, vous ne pouvez sans doute pas comprendre que blesser Angharad ou Esteban, serait de me blesser moi directement.

Elle lui décocha un regard noir, suivit d'un haussement sourcil dédaigneux, caressant toujours de l'index droit son faucon perché docilement sur son épaule gauche.

Ah et, pensez-vous vraiment que c'est avec la force qu'on fait parler les gens? Vous avez fais agoniser ce vampire et il ne vous aurait jamais répondu. De même pour moi. Votre cheval et votre piaf ne m'intimident guère. Et il me semble avoir déjà répondu à votre question.

Bien que le ton était monté d'un cran entre les deux jeunes femmes, Azénor tremblait de rage, s'efforçant de ne rien laisser paraître sur son visage, le mot " piaf"qualifiant Esteban, renforça la haine qui brûlait ses pupilles glacées, et s'avança d'un pas menaçant vers Sélène :

- C'est avec la force que l'on se rend compte qui est sincère ou pas. Si le vampire m'aurait répondu, je lui aurai peut être laisser la vie sauve, sa vie était déjà assez pitoyable pour qu'il puisse mourir avec un lourd secret. Mais c'est ce que je viens de remarquer avec vous, le fait d'employer la force pour vous faire avouez et celui de ne rien dire, montre parfaitement que vous nourrissez les soupscons que je vous porte. Vous cachez quelque chose, et je le sais. Traitez encore une fois de "piaf" mon faucon et je ne vous laisserai pas la vie sauve cette fois ci.

Ses yeux lançaient des éclairs, elle tremblait d'envie de se battre, mais son épée était dans sa chambre à l'autre bout de l'écurie, et puisque Sélène possédait les dons de vampires, cette dernière serait d'attaque à se défendre férocement.

-Bien... Alors, à bientôt?

Azénor éclata d'un rire jaune, cette petite peste se prenait vraiment pour quelqu'un ! Comme si c'était un jeu entre elles que de se lancer les piques les plus blessants, n'avait t'elle donc toujours pas compris qu'Azénor ne voyait en elle qu'un danger pour la survie du royaume et pour leur quête ?
La souveraine regarda de travers Sélène et répliqua avec un mélange d'ironie et d'insolence :

- Quand on veut être sûr de son coup, ma chère Sélène, on plante des navets. On ne pratique pas l'impertinence envers la soeur du Roi.

Un sourire cruel s'élargit sur ses lèvres, dans un geste dégagé elle décrocha la broche de sa cape qui glissa sur son dos pour s'étaler doucement sur le sol. La chaleur de la tension devenait insoutenable, les chevaux se calmaient progressivement, d'un claquement de langue, Azénor fit rentrer Angharad dans son box, gardant Esteban sur son épaule.

La vampire avait retenu un rire. Effectivement, elle imaginait bien que personne ne pouvait répondre à "Damoiselle", raison pour laquelle elle prenait un tantinet la grosse tête. Se rendait-elle seulement compte qu'elle était aussi humaine que les personnes à son service? Non, Sélène n'en était pas sûre et se promit de lui faire comprendre, par la douceur cette fois.
Trop stupide? Ah, ça n'était pas ça. Azénor semblait ne pas comprendre les motivations de Sélène. D'ailleurs, comment aurait-elle pu piger quoi que ce soit? Elle ne voyait en elle que la part du vampire qui voulait boire son sang. Se rendait-elle compte, au moins, de la retenue de la vampire? Elle avait eu milles et une occasions de la tuer, de la blesser, d'attaquer son cheval ou autre, sans jamais le faire cependant. Si elle ne l'attaquait pas, cela ne voulait donc pas dire qu'elle était "gentille"? D'ailleurs, avec tout ce que la vampire se mangeait dans la poire, elle n'était pas sûre de rejoindre les humains u_u"!
La menace vis-à-vis du surnom du faucon la fit sourire, amusée. Elle aurait bien répliqué "et avec quoi tu comptes me tuer? Une fourche à foin?" mais la Damoiselle en aurait été capable x) et rien ne servait d'attiser le feu de haine qui brulait en elle. Décidément, elle avait beaucoup de mal à se contrôler, heureusement que ce n'était pas le cas de la vampire!
A la dernière réplique, Sélène joua sur la comédie: elle regarda de gauche à droite, puis revint sur Azénor:

"Je suis désolé, je n'ai pas de navets sous la main!"

Avec un sourire amusé, elle baissa la tête en signe de respect (oui oui, elle respectait un minimum la farouche soeur du roi!) et fit volte face pour s'éloigner. Seulement, elle n'en avait pas fini avec Azénor et elle avait encore un tas de choses à lui faire savoir.
Se retournant, elle lui parla posément, calmement:

"Ecoutez, je ne suis pas apparut dans vos vies par hasard, c'est vrai, et je sais que cela vous semble louche. Si je suis ici, c'est qu'on m'y a envoyé. Pourquoi croyez-vous donc avec autant de convictions que j'aime les vampires et que j'en fais partie? Pourquoi aurais-je tué mon pseudo-confrère cette nuit là, dans ce cas là? Vous devriez y réfléchir un peu."

Se retournant de nouveau, elle voulut agrandir la distance qui les séparait mais quelque chose l'en empêchait : une queue qui se balançait sous son nez. Elle leva un regard sur le chat qui l'observait depuis qu'elle était passé sous la poutrelle, et celui-ci se recula immédiatement. Amusée, elle se retourna et regarda de nouveau Azénor. Bizarrement, son sourire avait été attendri à la vue du félin, preuve qu'elle ne perdait pas toute humanité.
Se raclant la gorge, elle continua avant qu'Azénor n'ait eu le temps de répondre:

"Et personnellement, je ne suis pas ici pour vous perturber ou détruire votre vie. Je ne suis pas là non plus pour vous voler votre royaume et détruire la paix qui y règne, j'estime qu'elle l'est assez. Je suis bien consciente que planter votre cheval ou votre... rapace (XD) aurait été difficile à vivre pour vous, raison pour laquelle je ne l'ai pas fait. Je ne vous cache pas que je ne vous porte pas à coeur, mais pas au point de vous blesser. J'accepte vos accusations, réfléchissez aux miennes: le pouvoir vous monte trop à la tête."

Elle la fixa un moment, ses yeux bleus illuminés par un certain mélange entre pitié et compassion. Oui, Azénor lui faisait pitié dans un sens x) Elle voyait déjà son frère finir avec une vampire et son royaume détruit, la femme qu'elle n'aimait pas du tout avoir autant voir plus de pouvoirs qu'elle... et elle compatissait à ce sort dans lequel la Damoiselle se voyait.

"Ah, et si bien même j'avais été un vampire, pourquoi me rejetteriez-vous? Ce n'est pas vous qui avait lancé un appel pour que l'espèce se joigne aux hommes?"

Elle avait raison et elle le savait. Si Azénor contestait, elle mentirait, n'est-ce pas? D'un pas lent, elle se retourna et voulu s'éloigner mais des regards pesant sur elle et se rappelant ce qu'était la politesse, elle attendit une réponse.

-Je suis désolé, je n'ai pas de navets sous la main.

Azénor aurait volontiers répliqué une autre pique cassante à cette réponse, mais devant le ridicule de la situation elle se contenta d'hausser un sourcil quand Sélène entra dans son jeu en faisant mine de chercher des navets. Sa colère retombait lentement, pour laisser place à une certaine méfiance, elle se tenait sur la défensive, prête à attaquer au moindre mouvement brutal. D'ailleurs, en voyant les faits et gestes de Sélène, elle pensa que cette dernière fairait exactement pareille.

Elle crut que Sélène partait, en voyant celle ci se retourner et amorçer le geste de départ, mais elle fit volte face et lui déclara :

-Ecoutez, je ne suis pas apparut dans vos vies par hasard, c'est vrai, et je sais que cela vous semble louche. Si je suis ici, c'est qu'on m'y a envoyé. Pourquoi croyez-vous donc avec autant de convictions que j'aime les vampires et que j'en fais partie? Pourquoi aurais-je tué mon pseudo-confrère cette nuit là, dans ce cas là? Vous devriez y réfléchir un peu.

- Je ne pense pas que vous aimez les vampires. Je suis certaine que vous êtes un. Pourquoi ? Mise à part les détails physiques, si vous n'étiez pas un vampire vous n'auriez pas achevé votre " confrère", non, vous l'auriez laissé agoniser, parce que vous n'auriez rien à nous cacher. Or, vous l'avez tué aussitôt , simplement parce que vous aviez peur qu'il ne parle, et qu'il ne vous dénonce.

Elle afficha un petit sourire satisfait de la demoiselle capricieuse, Sélène leva la tête, un chat les observaient du haut de la poutre, l'expression d'attendrissement de cette dernière surprit Azénor. Si elle acceptait vraiment son role de vampire, elle n'aurait pas eu cette expression typiquement humaine de l'amusement.
Elle sembla se reprendre en se râclant la gorge, signe qu'elle se sentait mal à l'aise, ce qui lui valut un regard inquisiteur et curieux d'Azénor. Pour une fois que ce n'était pas un regard de braise...

-Et personnellement, je ne suis pas ici pour vous perturber ou détruire votre vie. Je ne suis pas là non plus pour vous voler votre royaume et détruire la paix qui y règne, j'estime qu'elle l'est assez. Je suis bien consciente que planter votre cheval ou votre... rapace (XD) aurait été difficile à vivre pour vous, raison pour laquelle je ne l'ai pas fait. Je ne vous cache pas que je ne vous porte pas à coeur, mais pas au point de vous blesser. J'accepte vos accusations, réfléchissez aux miennes: le pouvoir vous monte trop à la tête.

Ces paroles quelques peu plus posées que celles de leur disputes, eurent le don de surprendre davantage la jeune souveraine. Sélène donnait l'impression d'être une autre Sélène. Humaine. Oui, une humaine. Azénor fronça les sourcils, détaillant les moindres autres expressions humanisées de Sélène, l'observant comme si s'était la première fois qu'elles se rencontraient. L'animosité entre les deux femmes se volatilisaient, même si une grande méfiance régnait encore.
Si seulement Sélène n'avait pas dit la dernière phrase...Azénor en fut profondément vexée, et ne se gêna pas pour répondre vertement en redressant le menton, dédaigneuse :

- Mais comparé a vous, j'en possède largement plus. Mieux vaut trop que rien du tout. Vous qui n'en avez pas , et moi qui en ai trop, ça fait une moyenne.

Lentement l'ironie blessante qu'elle voulait y mettre se dissipa pour laisser place à un certain amusement de sa propre réplique.

-Ah, et si bien même j'avais été un vampire, pourquoi me rejetteriez-vous? Ce n'est pas vous qui avait lancé un appel pour que l'espèce se joigne aux hommes?

- Effectivement j'ai bien dit que cette espèce pouvait nous être utile pour la quête, mais pas ceux qui n'osent même pas assumer leur propre statue. Je rejette les vampires qui ne sont même pas capable de se considérer en tant que tel, et d'être fière de ce qu'ils sont. J'ai horreur du mensonge, de la trahison.

Son ton n'était plus blessant, juste...du Azénor tout craché. La sincérité sonnait simplement dans cette phrase.

- Ce que je conteste, c'est votre satané obstination à vous cacher, si vous souhaitez vous convertir en humaine, soit, mais vous auriez dû le dire avant. Votre petit manège pour faire celle qui n'a pas de secret ne marche pas avec moi. Vous trouveriez un fort bon nombres d'avantage à accepter ce changement, vous pourrez cette fois ci renier ce que vous avez été, vous pourrez avoir un vrai travail dans le royaume, vous pourrez...

Elle s'arrêta, admettre cet avantage ne l'enchantait pas, mais si cela pouvait inciter Sélène à se convertir, pourquoi pas...
Elle étouffa un soupir d'exaspération, ferma un instant les yeux, les rouvrit et continua :

- Vous pourrez vous rapprocher d'Isaac. Je crois qu'il vous aime beaucoups.

[Mon pc à planté donc je dois tout réécrire alors que j'avais quasiment fini *partie se suicider* ça sera bidon désolée ^^']

Tuer son confrère par pur envie de cacher un secret? Non, mais Azénor ne se rendait pas compte que des gens n'aimait pas faire agoniser?

"Je me demande qui est la plus vampire de nous deux... Vous l'avez fais agoniser inutilement... j'ai abrégé ses souffrances. Est-ce un crime si je n'apprécie pas faire souffrir les gens? Cela fait-il forcément de moi une vampire?"

Le pic mauvais que la jeune femme lui envoya ne lui fit absolument rien. Le pouvoir? Et après!

"Certes, je n'ai pas autant de pouvoir que vous, cela ne m'a pas empêché d'être heureuse. Et vous? Êtes-vous réellement heureuse avec tout ce que vous avez? Vos richesses vous conviennent-elles? Profitez-vous réellement des choses "simples" et ne souffrez-vous jamais du manque de liberté?"

Elle dévisagea un moment la jeune femme, leurs regards bleus s'affrontant depuis le début de la conversation.
Horreur du mensonge et de la trahison... mais, en même temps, qui trahissait-elle? La vampire n'avait pas rejoint le clan des hommes après tout.

"Quel vampire voulez-vous convertir par la force? Qui voudrait vous rejoindre avec une épée sous la gorge?"

Cela résumait très bien les raisons de son mensonge.
La jeune femme lui donna plusieurs arguments pour se joindre à eux et arrêter de se voiler la face... même le fait de se rapprocher d'Isaac qui, elle le savait, devait couter énormément à la jeune femme.
Alors qu'elle allait répondre, le chat qui l'avait surveillé sauta devant elle et vint se frotter contre sa jambe. Elle resta de marbre, figée par la surprise, puis se pencha pour le caresser en souriant. L'animal avait su reconnaître sa part d'humanité. Cependant, son hésitation l'avait de loin trahie, de nouveau.
Lorsqu'elle se releva pour regarder Azénor, la plus sincère des tristesses se reflétait dans ses yeux. Rien d'autre ne trahissait sa souffrance. Être fière d'être vampire? D'être cette espèce de morts-vivants qui avait assassiné sa famille en lui faisant croire à des mensonges?!

"Je hais les vampires."

Le chat doubla son ronronnement pour lui apporter sa présence mais elle l'oublia complètement, perdue dans la vision du passé. Ses nièces, allongées, égorgées dans leur lit...
La présence troublante d'Azénor la ramena à la raison. Elle se souvint de sa dernière phrase: se rapprocher d'Isaac... La vampire demanda, songeuse:

"Est-ce vraiment ce que vous voulez?"

Qu'elle se rapproche d'Isaac, qu'elle soit la vampire que Azénor voyait obstinément?
Il était impossible pour Sélène de parler du passé, d'expliquer pourquoi elle détestait les vampires au plus haut point. Elle leur vouait une haine sans limite, à présent... et elle ne pouvait pas l'expliquer à Azénor... c'était au delà de ses forces.