Courtoisie et retrouvaille. [ Isaac]

- Laissez moi Augusta...
- Mais Damoiselle...
- Sortez.

Sa réponse fit clairement comprendre à la vieille nourrice qu'il ne devait y avoir aucune réplique. Elle retint un soupir, habituée aux remontrances vertueuses de la belle, puis s'inclina respectueusement, sans recevoir de sourire. Ses mains relâchèrent la chevelure soyeuse d'Azénor qu'elle était en train de coiffer, Augusta lança un dernier regard de reproches à la jeune femme qui fixait son miroir avec froideur, et sortit en silence de la chambre .

Une fois seule, Azénor regarda son reflet parfait à travers la glace arrondie, son visage pâle contrastait avec ses grands yeux bleus, son petit nez rond se confondait parfaitement entre ses deux joues joliments dessinées, elle était belle, tout simplement belle. Naturellement belle. Une expression de froideur délicieuse pouvait faire fuir n'importe quel courtisan. Elle pensa à sa défunte mère, emportée par la peste, et se souvint avec une abscence totale de douleur ou de tristesse, de son visage, de son parfum. La Damoiselle pensait depuis toute petite, (et encore aujourd'hui) que si on pleurait un mort de sa famille, c'était une preuve de faiblesse. Et cela, Azénor le répugnait.

Elle pensa alors à la quête du Poignard d'Argent, qu'elle menait avec témérité, les recherches n'étaient guère fructueuses, mais elle gardait espoir, dans les prochains mois, elle devait se rendre dans la caverne de Sandebois, a plus de deux kilomètres du royaume, pour essayer de communiquer avec les vampires ( bien qu'elle soit consciente du danger que cela encourrait),elle gardait la certitude que quelques vampires connaissaient l'histoire tragique de la jeune Aurore, assassinée par son propre grand père. Peut etre qu'ils savaient dans quels genres d'endroits, le poignard pouvait se cacher...

La haine qu'elle vouait à son ascendant paternel, ne cessait de croître de jours en jours, quand elle se rendait quelques fois dans le village de Voltaïc, elle entendait des rumeurs disant qu'une jeune femme s'était fait engrossée par son soit disant "amant" et qui ayant appris la nouvelle, lui avait tranché la tête avec une violence inoïe. Ou encore d'autres commérages qui racontait les nombreuses agressions sur des jeunes filles âgées d'a peine 13 ans, qui avait le malheur d'être jolies, et se faisaient violés, frappées à mort par des brigands de passage.

Bien que toutes ces abominables faits soient courant à cette époque, Azénor ne pouvait s'empêcher d'éprouver un dégoût profond pour ce genre de drames, qui faisaient la douleur et le malheur de bon nombres de familles. Si la belle pouvait interrompre une agression sur le fait, elle n'hésiterait pas une seconde à tuer de ses propres mains le malfaiteur. Malheureusement, ces drames n'agissaient que la nuit, dans les ruelles sombres et sales du village, et Azénor n'y venait que deux jours dans la semaine...

Une flamme sembla s'allumer dans ses pupilles d'un bleu glacé, ses pensées dévièrent sur le Chevalier de Wolkoff, aussitôt, un demi sourire éclaira son visage..ses mains tressaillirent, et son coeur s'emballa furieusement. Son visage, ses lèvres, tout lui revint distinctement en mémoire, une vague de désir l'envahit de la tête aux pieds, un frisson s'étala sur sa nuque, elle ne faiblirait pas, mais laissait volontier le délicieux goût de l'envie s'emparer d'elle. Elle ne pouvait dire qu'elle l'aimais, c'était une faiblesse pour elle que de se l'avouer, le temps viendrait...

Dans le miroir, elle se vit se mordre la lèvre inférieure, ce qui l'a rendait irrésistible. On frappa à la porte. Elle sursauta, tournant brusquement la tête sur l'intrus qui osait venir l'a déranger..

- Augusta je vous ai déjà dit de me lai...Isaac ! Entre je t'en prie !

Un magnifique sourire de joie illumina son teint pâle, elle se leva et s'inclina devant son frère, ( et oui même si c'est son frère elle tient absolument aux bonnes manières ). Quand elle se releva relâchant de ses mains fines les pans de sa robe qui retombèrent sur sa taille dans un bruit étouffé par la soie verte, Azénor guetta une expression particulière de son frère qui lui permettait d'anticiper la raison de sa venue.

- Je ne suis rentrée qu'hier matin, je n'ai point eu le loisir de te voir mon frère, je suis fort heureuse d'en avoir le plaisir à ce jour...

Minauda t'elle dans un petit sourire en penchant légèrement la tete sur le côté.

- Ouais content moi aussi. Ca va?

Si un quelquonque homme, se serait risqué à lui répondre comme ceci, Azénor lui en aurait fait voir de toutes les couleurs, un regard figé, avec l'impression de passer au rayon X le malheureux, et de le transperçer par le simple pouvoir imposant de ses beaux yeux bleus.
Mais ici, c'était son frère, donc, Azénor n'en fit pas attention, et lui adressa un petit sourire enchanté. Elle le regarda s'admirer dans le miroir, dans un second sourire amusé, il ne changerait jamais, et c'était très bien ainsi. Fort bel homme, Azénor ne s'étonnait pas de voir des jeunes femmes de rang modestes, se pavoiser devant lui quand il passait à cheval ou à pied dans la cour du château.

Une fois, alors qu'elle se promenait seule ( enfin !) près des remparts du château, perdue dans ses pensées, la tete haute, fière, hautaine, elle avait surpris une conversation entre deux servantes qui rentraient du lavoir :

- Quel homme notre Seigneur de Reeleshan..
- Vous m'en direz tant, ce matin même j'aurai juré qu'il m'avait adressé un sourire en sortant dans le village...
- Il est fort attirant, oh que ce serait merveilleux de devenir sa maîtresse !
Elles gloussèrent toutes les deux, cachant leur visage dans leur bonnet blanc, quand une ombre leur barra le passage en un éclair. Les deux servantes, s'arrêtèrent aussitôt, elles relevèrent les yeux et étouffèrent une exclamation de surprises devant...

- Damoiselle ! Je...grand plaisir de vous voir ce jour Damoiselle...
- Il en va de même pour ma personne Damoiselle...
Toutes deux s'inclinèrent si bas que leurs nez frôlèrent le sol, redoutant par dessus tout la réaction de la dame qui les toisait de haut, avec son air froid si reconnaissable entre milles...
- Relevez vous.
Répliqua séchement Azénor en croisant ses mains dans son dos.
Les deux femmes se relevèrent maladroitement,n'osant dévisager la damoiselle. Elles gardaient les yeux rivés sur leur pieds, comme deux petites filles prit en faute.
- Je ne pense point qu'une telle façon de parler de votre Seigneur soit très appréciée par ce dernier.
Intimidées, honteuses, les servantes piquèrent une nouvelle fois du nez :
- Damoiselle, sachez que ce n'était qu'en sa faveur que nous...
- Vous ai je dit de parler ?
Répondit froidement Azénor d'un ton impérial. La servante repiqua du museau et mumura un :
- Non Damoiselle...
Penaud.
La belle lui adressa un habituel regard glacial, pire qu'une réprimande brutale, puis lança dans un ton qui n'admettait aucune autre parole :
- J'ai décidé d'etre clémente ce jour, mais si jamais je vous reprend en train de bavassez comme des bécasses sur mon frère, je n'hésiterai pas à vous mettre aux jôles sans pain ni eau, pendant trois jours, est ce bien claire ?
Elles aquiesçèrent vivement :
- Oui Damoiselle
- Oui Damoiselle
- Soit.
Azénor leur accorda un dernier regard noir, puis reprit sa ballade..

A ces souvenir, qui datait d'il y a un mois, Azénor commençait à se douter si son frère demeurait toujours seul. Elle attendit qu'il finisse de se lancer des oeillades dans son miroir, puis s'avança d'un pas vers lui :

- Permettez moi, mon frère, de me poser une question, à votre sujet...Quand je vois toutes les dames de la cours, s'évanouirent dés que vous leur offrez un simple sourire, je m'étonne de vous trouvez seul, sans maîtresse. Ne serait t'il point temps de réfléchir à un héritier ?

(omg c'est super court la par contre!)

- Permettez moi, mon frère, de me poser une question, à votre sujet...Quand je vois toutes les dames de la cours, s'évanouirent dés que vous leur offrez un simple sourire, je m'étonne de vous trouvez seul, sans maîtresse. Ne serait t'il point temps de réfléchir à un héritier ?

Si à ce moment là il avait eu une coupelle d'eau ou de vin à sa bouche, il aurait tout recraché sur sa soeur. Fort heureusement, ce n'était point le cas.
Il marqua une pause, en fait, il prolongea son silence plus exactement.
Un héritier? Parce qu'elle pensait vraiment qu'il n'y songeait pas? Nuit et jour il y pensait! Mais il en avait assez des femmes de la cours qui ne pensait qu'à narguer leurs amies et leurs soeurs. Nan, il lui fallait une femme unique, qui aimait l'aventure!

- Bah écoute soeurette, j'en ai déjà vu plein et essayée xD mais elles sont toutes pareil. C'est à la limite d'une course! Pendant un temps elles étaient galantes, mais là elle se poussent carrément pour remettre un tapis en place avant mon passage! Tu te rends compte? Pour remettre un vulgaire tapis dont je n'ai même pas remarqué le coin corné! Tu pense vraiment que je devrais vite trouver une autre femme pour qu'elles arrêtent? Ca fait un peu prétexte non? Ah, de toutes façons j'en ai pas encore trouvé...

Sur ce, il se tue. C'était vrai quoi! Il avait l'impression... il avait l'impression d'être comme un coq au milieu d'une bassecour! Avec des gloussements partout! Autant il y avait des femmes discrètes, autant il y en avait d'autres! Il était sur qu'on les entendait à l'autre bout du château!
Mais oui, c'est sur qu'il fallait sérieusement penser à un héritier, ça c'est sur! Mais d'abord, il lui fallait trouver un femme digne et pas une pimbêche comme toutes les autres!
Et ça, c'était pas gagné.
Pas gagné du tout...

- Bah écoute soeurette, j'en ai déjà vu plein et essayée xD mais elles sont toutes pareil. C'est à la limite d'une course! Pendant un temps elles étaient galantes, mais là elle se poussent carrément pour remettre un tapis en place avant mon passage! Tu te rends compte? Pour remettre un vulgaire tapis dont je n'ai même pas remarqué le coin corné! Tu pense vraiment que je devrais vite trouver une autre femme pour qu'elles arrêtent? Ca fait un peu prétexte non? Ah, de toutes façons j'en ai pas encore trouvé...


- Tout ne tient qu'a toi Isaac, tu devrais refaire un banquet, à la fête du rameaux par exemple, tu sais bien que ce genre de festivité ne regroupent que les dames de haut rang, et non pas des bécasses qui gloussent à ton passage, peut être y trouvera tu la perle rare..

Elle s'arrêta, le regard rêveur, le visage d'Alexey apparut un instant, doublé de celui d'Alwin, ces deux amours faisaient parfaitement son bohneur, elle se réjouissait qu'elle n'avait pas besoin de trouver un époux tout de suite, puisque l'héritier ne devait venir qu'avec la femme de son frère, pour assurer la régence du royaume.

- Isaac, notre père, que dieu le garde, serait fort fière si un petit Reeleshan venait au monde, mais attendre sans rien faire , pendant que les années passent, n'est pas bon pour le royaume.

Les traits de son visage se contractèrent, en plus de la quête, il fallait aussi tenir la promesse que le royaume ne s'effondrerait jamais, et que leur famille posséderait une grandiloquente descendance..
Elle s'avança vers son frère et posa une main sur son épaule en lui coulant une oeillade appuyée, solennel :

- Quel choix pense tu le plus raisonnable, sauvegarder la lignée de notre famille ? Ou laisser le temps nous emporter et accentuer la distance qui te mène à ton héritier ?

Elle marqua un temps d'arrêt, lui laissant le temps de la rélfexion, puis enleva sa main de son épaule, et abaissa le miroir d'une main dans un geste sec. La belle vint s'accouder à la fenêtre aux croisillons, la tête posée sur la paume de sa main, son coude en équerre sur le rebord de la fenêtre, d'un air absent, elle regarda deux oiseaux se chamailler dans le ciel gris, quelques vassaux discuter entre eux près des tours, deux gardes qui prenaient le relais...

Au bout de quelques minutes silencieuses, Azénor se redressa, se tournant face à Isaac dans une expression un peu plus chaleureuse :

- Je ne t'ai point vue depuis quelques jours, avec mon voyage, qu'as tu fais ces temps dernier ?

Tout en parlant , elle contourna le meuble de toilette, et vint s'assoir dans un grand fauteuil de velours rouge, posant ses mains sur chaques accoudoirs en marbres.