Alwin Graal

Je suis né une nuit de pleine lune. Si j’ai poussé mon premier cri, ma mère y a laissé son dernier souffle. Pour me donner la vie, elle est morte. Certes, c’est une chose courante pour l’époque, mais l’absence d’une mère fait souffrir. J’ai grandi dans un milieu essentiellement masculin, et sans la chaleur maternelle. Mon père avait tout de même pris soin d’engager une nourrice pour m’allaiter, et pour l’aider dans mon éducation. De plus j’ai bénéficié de la protection des Reeleschan. De quoi me permettre de grandir dans un habitat correct.
Mon père, un ancien forgeron, s’était d’ailleurs engagé dans la chevalerie pour défendre le royaume. Il tenta de faire de moi un chevalier comme lui, mais moi ce qui me passionnait c’était les dragons. Il fit tout de même en sorte de me donner une éducation chevaleresque tout en respectant mon choix : je serai dragonnier. Pas de fier destrier, mais un puissant dragon qui serait mon confident. Je jouai avec les enfants du village, eux aussi possédant leurs rêves. Ma famille n’était pas extrêmement fortuné, mais assez pour habiter une luxurieuse maison. J’assistai aux joutes, mais sans trop de passion. Je préférai de loin les voltiges qu’exécutaient les dragonniers. Je recevais des leçons de la part d’un précepteur qui s’occupait de plusieurs élèves. J’ai toujours adoré étudié. En petit comité ( les leçons étant trop cher pour la plupart des villageois ), avec un homme adorable. Malgré l’absence de ma mère, j’ai tout de même eu de la chance dans mon enfance.
Mon année la plus heureuse fut lors de mes 7 ans. Mon père était revenu d’une contrée voisine, une pierre bleue dans ses mains. Ma curiosité piquée, je m’étais approché.
- Père, qu’est ce donc ?
- Regarde Alwin. C’est pour toi. Prends là. Sens tu cette chaleur ?
Dans mes mains la pierre semblait délicieusement tiède.
- Père serait-ce…un œuf de dragon ?
Le sourire de mon père me confirma ma pensée. Les yeux embués de larme, je serai l’œuf contre ma poitrine. Comme pour ajouter une touche de bonheur en plus, mon père me tendit un autre objet. Une magnifique épée forgé de sa main. Une larme de joie coula le long de ma joue.
- Allons Alwin, un futur dragonnier ne pleure pas…Je te fais confiance mon enfant.
- Je ne vous décevrai pas père.
L’œuf à éclot deux semaines plus tard. Un magnifique bébé dragon mâle aux écailles bleues en est sortit. Cloud. Voici son nom. J’ai alors commencé ma formation de dragonnier. Cloud était et est toujours une véritable tête de mule, mais je l’aime ainsi. Il a grandit extrêmement vite : la croissance d’un dragon étant rapide.
Mais l’année de mes 7 ans ne fut pas que mon commencement de dragonnier. J’ai rencontré une personne extraordinaire. Une personne qui est devenu mon meilleur ami. Alexey Staurakios Wolkoff. Nous avions la même nourrice. Alexey…il a changé ma vie. Il a été là pour moi. Quand tout a basculé. Car oui, une enfance joyeuse a été remplacée par un destin tragique.
Mon père. Alors qu’il veillait sur le château, un vampire est arrivé. J’ai entendu les cris. Je me suis précipité. Le buveur de sang avait planté ses crocs dans la nuque de mon géniteur qui se vidait de son sang. Spectacle immonde, répugnant, choquant. Mon cri a alerté la populasse. Le monstre s’est sauvé. J’avais 14 ans. J’ai perdu mon père. Alexey m’a énormément soutenu alors que je ne vivais plus. Les mois sont passés. Je suis devenu renfermé, insociable. Sauf avec mon ami. Décrocher quelques mots était au dessus de mes forces. Je trouvai mon réconfort avec Cloud et Alexey. Mois, semaines, jours, heures, minutes, secondes…Le temps passe.
Et du jour au lendemain je suis parti. A 15 ans. Juste avec Cloud, mon épée. Découvrir de nouveaux horizons, et surtout me venger. Tuer des vampires. Venger le passé et l’honneur de mon père. Pendant des années, on m’a perdu de vue. Rien. Pas de signe de vie.
Alexey me manquait. Le royaume et ses deux héritiers aussi. Mais j’ai continué ma propre quête personnelle. Je suis rentré, par pure nostalgie il y a un an. 28 ans.
A présent j’ai 29 ans. Et je veux toujours me venger. Je n’ai pas assouvie ma soif de vengeance. Mais j’ai retrouvé Alexey, le seigneur Isaac, et la belle et douce Azenor qui fait frémir mon cœur. Je l’aime damoiselle Azenor. Aujourd’hui je sers le royaume. Et ma propre cause.

Mon caractère ? Que dire. J’ai deux facettes.
L’ancien Alwin était quelqu’un de généreux, d’amical, de foncièrement bon. Optimiste, certainement. Mais mon histoire m’a changé.
Je me suis renfermé à la mort de mon père. Orgueil, vengeance, cynique. Voilà.
Je ne me suis jamais laissé faire. Le sarcasme est la première étape. La deuxième étant le recours à la violence. On ne souille pas mon honneur, ni la mémoire de mon père.
Plutôt bon combattant à l’épée, j’adore aussi me battre avec Cloud : je suis en parfaite harmonie avec lui. Mais au dessus de la bataille, je préfère les longs moments de vol que je partage avec mon dragon. Voler, sentir le vent sur mon visage, les écailles de Cloud, le moindre mouvement de ses muscles, voir les paysages défiler…c’est une notion du bonheur pour moi.
Je suis obstiné. Je sais ce que je veux. Et je me lance, parfois trop rapidement sûrement, dans de folles péripéties. La colère peut me faire foncer tête baissée. Un jour ça me perdra. C'est pour cela que j'essaye de rester maître de moi-même.
Je suis intelligent. Sans me vanter. Juste une vérité. Mais pour ça j’ai travaillé : les cours de mon père et ceux de mon précepteur. Passionné et curieux, je comprends vite et j’analyse rapidement. Je m’intéresse à tout, mais il faut avouer que j’ai une préférence pour la dragonologie. C’est assez évident. Je veux m’occuper au mieux de Cloud après tout. Me perfectionner dans ma fonction de dragonnier, et comprendre toujours mieux mon fidèle dragon.
Cœur et amitié. Amitié, Alexey est le premier nom qui me vient en tête. Mon meilleur ami. Car oui, sinon il faut vraiment avoir toute ma confiance pour se revendiquer être mon ami. Mais une fois que vous l’êtes, je vous défendrai corps et âme jusqu’en enfer. Je ne trahirai jamais un ami.
Côté cœur : il bat pour la belle Azenor. Damoiselle Azenor…à la fois si inaccessible et pourtant je m’éprends d’elle ! Je n’ose encore rien lui avouer, la courtisant en tant que bon chevalier. Car oui, j’use des valeurs chevaleresques que m’a inculquées mon père avec les dames. Je ne vais tout de même pas parler comme un charretier face à elles ! Je les respecte. Et une dame du rang d'Azenor se doit de recevoir le plus grand respect. Je ne voudrai pas l'offenser.
Pour finir, vous l’avez constater : l’honneur pour moi est important. Très important. Alors faîtes attention à vos propos…Sauf si vous tenez à afronter mon courroux : c'est à dire la pointe de mon épée et la puissance de Cloud. Pour un homme, pour un dragonnier l'honneur fait partit de l'éducation.